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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 14:54

Le boulot de maton

 

  Un boulot plus difficile que nous le croyons et que la Taubirat et  que le gouvernement Hollande veut foutre en l'air. ILS ONT PEUR D'ALLER EN PRISON, politiciens à gomme qui n'inspirent que degout. PROMESSE ET RIEN, RIEN, RIEN. 

 

 

Tout le monde pense savoir ce que c'est que notre travail : ouvrir et fermer des portes. Nous ne serions que des 'porte-clefs'. Pourtant notre mission, au quotidien, c'est d'abord d'être les premiers interlocuteurs des détenus.

La garde et l’entretien, c’est la première mission que nous avons. Nous devons garder les mises en examen et veiller à ce qu’ils ne s’évadent pas, ni ne se suicide.

L’entretien c’est veiller à ce qu’ils ne manquent rien, autant en alimentation que dans leur état de santé. C’est aussi les aider à se réinsérer en lui donnant des cours, des formations ainsi que l’assistance d’organismes sociaux comme des assistants (e).

Nous devons faire face à leur ressentiment : ils sont là contre leur propre volonté, évidemment, ils préfèreraient être dehors, quelque soit leur crimes !

 

Ensuite il y a le Règlement. Un règlement plus ou moins applicable à faire respecter. Parfois aussi des gestes, nécessaires à la sécurité de tout le monde mais qui peuvent être vécu comme dégradants. Des gestes que nous sommes pourtant forcés de faire.

 

A part quelques sadiques et pervers, je trouve rien de très excitant d’aller voir le trou du cul du détenu pour être sûr qu'il n'y cache rien. Le trou du cul. Depuis des centaines d’années, c’est la cache préférée des malfrats (cf. le récit « Papillon » d’Henri Charrière sur sa vie au bagne.)

 

Fouiller une cellule, lire un courrier n’est pas non plus une tâche plaisante. Pénétrer dans l’intimité des personnes c’est comme du viol. Pourtant, c’est nécessaire. Grâce à la lecture des courriers, ou bien l’écoute des parloirs, nous pouvons éviter des évasions.

 

Lorsque nous avons procédé à toutes ces tâches afin d'assurer la sécurité, il faut ensuite organiser les descentes en promenade, les temps des douches, parlé avec certains détenus qui ont l’air déprimé.

 

Que leur peine dure dix, vingt ou trente ans, nous devrions les faire sortir mieux qu’ils ne sont entrés et que le temps de leur détention, le temps où qu'ils ont passé auprès de nous lui ai été profitable. Notre mission, en plus de la garde et l’entretien et de faire que ce passage s’effectue de la meilleure façon qu'il soit.

 

 

Les 'auxiliaires'

 

Les auxiliaires ou gamelleurs dans le langage local, sont ceux qui distribuent les repas, les cantines et qui assurent les autres tâches de fonctionnement en prison. C’est nous les gradés qui sur leur demande les recrutons. Nous vérifions leur casier judiciaire, leur comportement en détention et leurs antécédents disciplinaires pour les classer.

Avant de les classer, nous recevons les dossiers ou est écrit leur conduite dans la vie en liberté ou en détention. S’il a fait déjà de la prison, nous connaissons ses antécédents, les  incidents qu’il a pu avoir en détention, ce  pourquoi il est accusé, les tentatives d’évasions. Cela nous permet une évaluation pour les classer ou pas, en  fonction du potentiel de dangerosité ou du risque nous courons en le mettant dans un  endroit plutôt que dans un autre.

 

Normalement, les auxiliaires d’étages ne sont pas autorisés à sortir du quartier dans lequel ils sont affectés, sauf aux Baumettes ou avec un surveillant ils vont chercher la gamelle, au sous-sol. Les auxiliaires du bâtiment D partent de leur sous- sol, passent par le sous sol du bâtiment B et A. Aux cuisines, ils se retrouvent avec les gamelleurs des autres unités et les trois ou quatre surveillants qui les accompagnent. Ils peuvent facilement se passer des informations, lettres ou petits paquets pour d’autres détenus qui sont dans les autres bâtiments, qui au départ devaient être hermétiques

Dans leur quartier, au niveau de leur étage, ils sont libres de leurs mouvements puisqu’ils s’occupent de la propreté.

La liberté dans leur étage est simple, nous leur laissons la porte ouverte en service de jour pour nettoyer. Entre les occupations, nous leur tolérons de pouvoir parler au travers des portes avec les autres détenus pour ne pas avoir à les enfermer après chaque taches.

Des conflits de travail avec les détenus, c’est simple, si ils ne font pas leur travail, c'est-à-dire le la propreté, la distribution des draps ou autres taches nous les déclassons. Ce déclassement simple pour fainéantise ne porte pas à conséquence pour le détenu, il retournera en cellule avec un autre prisonnier. Si par contre il a insulté un personnel, fait une bagarre, trafiquait, avait dans sa possession un portable, il passera en commission de discipline. La, il peut avoir de zéro à quarante cinq jours de cachot suivant son délit. Ensuite nous les gradés nous le changeons de cellule, voir de bâtiment, nous pouvons même le transférer. Cela est marqué dans son dossier et le suit tout au long de sa détention. Il peut perdre des remises de peines, il aura des difficultés pour être reclassé. C’est comme à pole emploi pour classer un détenu nous avons plus de demande que de place. A partir du moment où ils sont courtois et travailleur, nous les laissons tranquille.

Quand aux conflits entre le personnel et l’administration, c’est pire qu’avec les détenus. Notre hiérarchie même la plus haute de donne pas exemple. Lorsque nous ne leur convenons plus ou avons des idées différentes d’eux, ils sont capables de mentir pour nous sanctionné. J’ai connu cela, ils m’ont dégradé, je les ai attaqués au tribunal administratif et j’ai gagné. Contre leur gré ils m’ont rétablie dans mon grade et payé les arriérés de salaire. Il s’agit simplement de regarder ce qui  ce passe dans l’actualité politique c’est le reflet de notre administration.

Dans certains postes ils ne sont pas surveillé,  à la bibliothèque par exemple qu’ils gèrent seul. Aux cuisines ils sont laissés assez libres, le surveillant est dans son bureau et eux vaquent à la préparation des repas. Ils ne peuvent pas sortir. C’est un travail de collaboration, nous ne somme pas toujours derrière eux, il y a une certaine confiance.

 

Ils peuvent faire passer de tout et de rien, souvent même entre les bâtiments vu leur relative liberté de circuler. Ils peuvent parfois générer ou entretenir des trafics. Lorsque que ne sont que des choses de la vie courante, ce n’est pas bien grave. Par contre, par exemple, si un caïd veut se faire la belle, alors ça peut devenir très dangereux. La liberté de mouvement des auxiliaires peuvent les rendre complice d'une évasion ou à faire rentrer des objets ou substances (armes ou explosifs par exemple) totalement illicites.

Il m’est arrivé lors de fouilles aléatoires ou aidé par le hasard, dénonciation de détenu, de fouiller une cellule de gamelleurs et trouver de la drogue ou un portable. Dans leur cellule j’ai surtout vu qu’il y avait beaucoup d’aliment et de paquets de cigarettes sans en déterminer la provenance exacte, ni si c’était un trafic. Armes et explosifs je n’en n’ai jamais trouvé.

Pour l’alcool, j’ai le souvenir en fouillant ou en faisant le sondage des barreaux d’avoir trouvé des alambic artisanaux fait de bric et de broc ainsi que des peaux d’orange en fermentation, j’ai fait des rapport d’incident et  confisqué les ustensiles

 

Des ateliers de travail pour les détenus

 

J'ai connu la vieille prison d’Avignon, où il y avait un atelier ou on fabriquer des tuiles décoratives pour un commerçant de la région. Mon chef, surnommé « Rantanplan » a auditionné un détenu pour l’atelier et l’a engagé. Moi, je ne l’aurais pas fait car les renseignements que contenait son dossier pénal, son comportement en détention et le fait qu’il soit prévenu, représentait un risque d’évasion.

Rantanplan surnom  de mon chef, comme le chien de Lucky Lucke, il avait la truffe prés du sol et la même allure n’inspirant aucune intelligence. Je dirais même que rantanplan, le vrai, était plus intelligent que lui, si moins instruit, la suite des évènements l’a prouvé.

Donc, Rantanplan l’a intégré parmi les travailleurs de cet atelier. Moins d’une semaine après, le détenu s’est évadé. L’atelier d’Avignon n’était pas surveillé, il y avait une seul camera fixe. Le monte en l’air a fait mettre la palette d’où il allait s’évader dans un angle mort et en toute tranquillité a pu s’y cacher dedans. Apres l’évasion, il a été remis un surveillant en permanence. Comme le chien de Lucky Lucke, notre bon chef rantanplan a les bonnes idées…………mais après !!!

 

Par une curieuse coïncidence, mes deux supérieurs dont Rantanplan étaient de repos ce jour-là. J’étais le seul avec la directrice comme responsable. C’est moi qui devenais punissable. Je suis alors passé en conseil de discipline à Paris : merci du voyage !

 

Heureusement, devant ma bonne foi, le Ministère ne m’a infligé aucune sanction. Cela confirme bien combien il est important de bien connaître le dossier des détenus avant de les poster dans des endroits comportant des risques.

Les prévenus présentes plus de risque de s’évader, car ils ne savent pas à quelle peine ils vont avoir surtout en cas de crime. Je me souviens aux Baumettes dans les années 90 au bâtiment A il y avait un condamné a qui il ne resté plus que trois mois à faire. Vu le peu de risque qu’il présentait, le responsable lui a confie la mission de confiance de nettoyer le chemin de ronde entre les 2 murs d’enceinte, zone hypersensible, car c’est un no man’s land. Ce détenu a profité  que le surveillant du mirador ne le regardait pas pour faire la belle. Pourquoi ? La semaine précédente il avait reçu une mise en examen pour une affaire de cour d’assise ou il risquait de 20 a 30 ans de prison. Apparemment l’administration n’en n’avait pas était avertie.

Aux Baumettes il y avait des ateliers derrière l’ancien quartier disciplinaire situé en face de l’ex-chapelle devenue  bâtiment C. C’est vers les années 1989 que l’atelier a pris feu, il a été rasé et a surgi à sa place le fameux bâtiment D avec son quartier disciplinaire et sont quartier d’isolement au dernier étage. Pour la petite histoire, ce quartier a eu une fameuse évasion par hélicoptère ou des armes et un filin a été lancé aux détenus du quartier d’isolement, et ou le mirador n’ont pas pu tirer sur l’hélico à cause du risque d’explosion. Ensuite les ateliers ont été transféré ay niveau du stade, ils y étaient encore en 1997.

 

 

Le travail des détenus : notre responsabilité est engagée

 

La décision de faire travailler un détenu est une grosse responsabilité, surtout en maison d’arrêt ou les mesures de sécurité sont moins drastiques qu’en centrale, vu le mélange de population incarcéré. Sur des faits aussi précis que l’évasion dont j’ai été victime – ou d'autres cas d'évasion plus médiatisés à partir d'ateliers -, je ne comprends pas qu'on ait pu classer et faire travailler des personnes à risque.

 

 

Les détenus qui travaillent en prison bénéficient de remise de peine spéciale. Les juges d’application des peines sont sensibles à la bonne volonté des détenus de se réinsérer, et donc seront plus cléments, s’ils sentent qu'ils font des efforts pour revenir dans le droit chemin.

 

 

Les intervenants extérieurs

 

Pour finir il y a les travailleurs extérieurs, comme les assistantes sociales, par exemple. Ce sont des éléments essentiels. Ils/elles sont le relais entre les détenus, leur famille et la Justice. Ils aident les détenus dans leur démarches, pour faire des dossiers, pour recevoir des visites au parloir, voire même établissent des contacts avec des employeurs extérieurs pour permettre aux détenus de bénéficier de mesures de liberté conditionnelle.

 

Ils/elles transmettent les vœux de la personne incarcérée auprès du directeur, et donnent leur avis à la commission d’application des peines. Nos rapports sont cordiaux : tout ce qui peut apaiser la vie carcérale est un plus pour tout le monde, cela rend la détention moins stressante.

 

Il y a aussi les professeurs exerçant un véritable sacerdoce de vouloir faire ce métier en milieu fermé.

 

Nous avons aussi les avocats qui viennent arrondir leur fin ou début de mois. Pas de façon illégale mais en leur encaissant pour chaque visite des honoraires.

 

Pour terminer il y a les visiteurs de prison. Souvent ils compatissent un peu trop aux situations des détenus et oublient qu'ailleurs il y a des victimes. Il vaudrait mieux que les visiteurs apportent une aide morale au détenu plutôt que d’abonder dans le sens de la plainte du sort qui leur est réservé.

La prison est une ville intérieure, avec des tâches à faire comme dans la vie normale. La prison n’est pas un monde figé, elle est en perpétuel mouvement - sauf en service de nuit. La prison est comme une ruche. Elle produit du miel, mais nous, je fais le vœu pieux (?) que nous puissions produire des gens meilleurs qui deviennent le miel de la société.

 

I HAVE THE DREAM.

OUI, J’AI FAIT UN REVE. QUE TOUS LES DETENUS SORTANT DE PRISON APPRENAIENT AUX HOMMES A DEVENIR MEILLEURS

I HAVE THE DREAM.

 

MERCI MONSIEUR MARTIN LUTHER KING

 

 

 

 

 

 

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