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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 13:39

HÉLAS TOUJOURS D'ACTUALITÉ EN 2014

Les détenus sont aussi bien soignés sinon mieux que dehors. J'ai entendu parler du livre du médecin chef de l'hôpital de Fresnes. Elle a fait un récit éloigné de la vérité. J'ai 25 ans d'expérience. Je ne suis pas convaincu de ces propos. A Fleury-Mérogis comme aux Baumettes, il y avait un médecin en titre vingt quatre heures sur vingt quatre. Dans les cas ou le mal dépassait ses compétences il appelait le SAMU. Une équipe de surveillant partait avec, suivant la personnalité un renfort de police ou gendarmerie venait renforcer le dispositif.

Je peux dire qu'au Pontet ils sont mieux soignés que les gens libres. J'ai pris un rendez-vous avec un spécialiste de la colonne vertébrale, je l'avais vu faire pour un détenu. J'ai attendu plus de deux mois, alors que le patient que je venais d'amener, lui avait eu la visite dans la semaine. Aux urgences pour mon père malade du cœur suite à une chute, l'ont laissé attendre plus de quatre heures. En accompagnant un détenu, et souvent pour un mal imaginaire nous passons moins de deux heures.

En service de nuit surtout, il m'arrive de multiples fois d'appeler le SAMU. J'ai la responsabilité de la vie, n'étant pas infirmier ni docteur, je suis obligé de déranger ces services. La plupart du temps c’est pour de simples bobos, des crises d'angoisses, des crises de vide. Ce qui m’attriste c’est que le temps, de ces sauveurs de vies, serait plus utile à sauver des existences au dehors.

Le principe de précaution est la règle. Le détenu a toujours ses soins. Il y en a même certains qui profitent de leur séjour pour faire des opérations qu'ils ne feraient pas dehors. Nous, nous devons de les rendre à la liberté en aussi bonne santé que lors de leur arrivée. Il arrive comme, cela existe extra-muros qu'il y ait des erreurs de diagnostique. Cela a fait un battage médiatique accusant des pires maux les institutions alors qu'elles n'y sont pour rien. L'erreur est humaine, dedans comme à l’extérieur, mais sans les murs cela ne fait plus caisse de résonance.

Les visites des détenus à l'hôpital, un sujet de polémique, 95% des visites se fonds sans accompagnement de force de l'ordre, avec un agent et un brigadier. Equipé d'un gilet par balles et un sifflet et c'est tout, alors comment fait-on ? Moi Huertas Premier Surveillant major, il ne me reste plus que les menottes et les entraves pour les jambes. Je les mets c'est le seul est unique moyen pour être sur qu'une fois à l'hôpital la personne sous main de justice, ne s'en aille pas en courant. C’est souvent arrivé, dans d'autres escortes alors que le prévenu n’avait été que menottée.

Ensuite devant le praticien, il nous est impossible de le laisser seul. Il peut le prendre en otage, téléphoné à des complices. Il se peut que la visite, soit pour le détenu une simulation pour sortir de l'enceinte. Il est plus facile de s'enfuir de l'hôpital. Nous protégeons le praticien en ne le laissant pas seul. Le code de déontologie dans ces moments là doit être mis de coté, notre professionnalisme c'est aussi le secret. Il est arrivé que des familles soient prévenues et nous attendent à l'hôpital, alors il faut avec discrétion et de la ruse retourner vers notre véhicule pour rentrer au plus vite. Il est arrivé à mon collègue Ducalme de se faire poursuivre par une famille de détenu, il a été obligé de se servir de la sirène du véhicule et rentrer au plus vite.

Toutes ces opérations avec détenus qui se passent hors des murs sont toujours délicates. La pénitentiaire est performante pour s'occuper à l'intérieur, pas à l'extérieur nous ne sommes même pas assermentés.

Je voudrais pointer du doigt le rapport 2006 sur le respect des droits de l'homme (article 148). Il s'étonne de l'utilisation abusive des menottes et entraves lors des extractions à l'hôpital. Même si le pourcentage d'évasion est plus élevé, cela représente un pourcentage infime par rapport au 55000 escortent réalisées tous les ans. Ce bon rapporteur oublie que les 55000 escortent ont été réalisées avec menottes et entraves. Si ce n’était pas le cas ce chiffre ne serait pas celui là. Quant aux évasions de l'hôpital est-ce que ce rapporteur a pensé aux traumatismes des agents accompagnant. A-t-il pensé à la famille de la victime qui voit s'envoler celui qui a brisé leur vie et qui au nom des droits de l'homme. A-t’il plus de considération pour le tortionnaire, que pour la douleur des victimes. Au paragraphe 149 je le rejoins totalement. Il faut généraliser les chambres sécurisées au sein des hôpitaux et là plus de problèmes pour les consultations ou autres.

Les soins sont toujours effectués. Lors de l'incarcération, lorsque je suis en service de nuit, si le juge avec le mandat de dépôt, me joint une notice individuelle pour la personne, disant qu'elle doit voir un médecin, j'appelle immédiatement le SAMU. Si la personne a une ordonnance du jour je lui remets ses remèdes pour la nuit. Dans des cas plus délicat, si je sens que cette personne est mal, je la mets aux arrivants avec un autre détenu qui pourra le réconforter.

Lorsque la personne est à la dérive, je lui parle la réconforte. Il est des moments particuliers au-delà des délits, crimes commis. Notre devoir est de réconforter, lui montrer que nous essayons de les comprendre que quatre murs une porte qui se ferme, c'est affreux. Parents de cette victime il faut savoir qu'il vaut mieux un tortionnaire vivant au procès, qu'une affaire classée pour arrêt de l'instruction, suite au suicide. Vous ne pourrez faire le deuil de l'agression que si la personne a été jugée. Alors oui ! Notre métier c'est d'être aimable même avec la pire des crapules.

Je suis tout à fait conscient que dans ce lieu toutes les pathologies s'amplifient. Les soins sont toujours assurés. Je suis certains que beaucoup de détenus sont mieux suivis ici que chez eux. Ce procès d'intention il vaut mieux le laisser aux intellectuels en mal de sujet de conversation. Les erreurs les contres temps, sont partout dans la vie, dans toutes les institutions. Il faut simplement savoir que la vie n'est pas une science exacte. Une fois cette notion comprise, alors il est facile de concevoir que tout le personnel pénitentiaire dans son ensemble, avec l'U C S A nous faisons bien notre travail. Nous n'avons rien à nous reprocher. Comme dit une parabole "Il est plus facile de regarder la paille dans l'œil de ton voisin que la poutre dans son œil" Alors pendant que vous rapportez nous nous agissons !

Il y a quelques années un brave homme est tombé de son lit, il a été voir son médecin traitant. Ce notable très connu dans Avignon lui a donné des médicaments pour les nerfs, pour tout et n'importe quoi. Le temps avançant la personne perdait l'équilibre, lui-même après nous l'a dit, se sentait diminué. Heureusement les vacances sont arrivées et ce bon praticien est parti la conscience tranquille dans des îles magiques. Souffrant de plus en plus nous l'avons fait consulter un autre docteur qui l'a fait hospitaliser sur-le-champ, en urgence.

Il avait un hématome sous dural. Le jour suivant il a été opéré, le sang qui compressait le cerveau congestionné a été vidé. Il aurait attendu quelques jours, il serait mort ou en état végétatif. Cette erreur n'a pas fait la une des journaux, parce qu'elle ne s'est pas produite en prison et pourtant c'est arrivé à un honnête homme qui faisait une confiance aveugle à son médecin. C’était mon papa.

Ma conclusion, est que tous ces donneurs de leçons feraient mieux de se pencher sur les vrais problèmes de société et de trouver des solutions pour endiguer la violence des hommes.

Le problème qui devient de plus en plus récurant c'est celui de la séropositivité et le SIDA. Il m'est arrivé au cours d'intervention de me retrouver face à des détenus qui se tailladaient le bras et disaient :

" Je suis séropositif le premier qui approche, je le coupe et le contamine !"

Avec la recrudescence de personnes se droguant le virus qui se transmet par les seringues infectées ou autres voies du sang. Nous, nous retrouvons face à une population séropositive élevée, cela rend nos interventions délicates. Ensuite les détenus vont tous les matins chercher à l'infirmerie des cachets de Subutex ou autres traitements de substitution. Ces protocoles sont très prisés par la population pénale pour se "Shooter" A bon compte. Ils s'en servent aussi pour trafiquer et rendre notre tâche encore plus difficile.

Le problème qui coince cette belle mécanique, c'est le sacro-saint secret médical qui amène à ne faire que des "Conneries". Avec un peu de transparence entre nos services, les détenus ayant le SIDA pourraient être mis en cellules ensembles. Les services médicaux mieux les suivre, éviter le trafic de cachets.

Lors de nos interventions nous pourrions prendre les précautions d'usage, afin d'éviter d'être contaminé et de se retrouver séropositif. Cette attitude irresponsable des services médicaux s'apparente à non-assistance à personne en danger. Une transmission entre les différents services, médical, détention et sociale pourrait éviter autant que faire ce peu la transmission du virus, tout en respectant la personne.

Nous pourrions avec la volonté de tous les acteurs qui s'occupent de ce problème, arriver à faire que le temps passé dans nos murs soit une vraie cure de désintoxication. La proximité de ces personnes rend notre métier plus risqué et je ne parle pas de l'hépatite B elle aussi facile à transmettre dans ce lieu clos.

J'ai pu constater tout au long de ma carrière une mauvaise volonté de la part des services médicaux de communiquer sur la séropositivité de détenus malades atteints du sida. Ils semblent investis de pouvoirs sacrés et nous les communiquer serai se fourvoyer. Ils oublient l'essentiel dans un cadre comme celui là, une partie du secret médical doit être levé, pour donner le meilleur soin et une meilleure détention adaptée au plus près de la personne.

Je suis conscient de la gravité de cette pandémie. Je crois seulement en appliquant quelques mesures nous pourrions réduire au minimum les risques. Dans un premier temps faire une analyse de sang à chaque entrant pour voir s'il est séropositif. Dans un deuxième temps, après que les services médicaux nous aient communiqué les résultats, doubler les détenus touchés par le virus dans une même cellule, au milieu des autres. Cela permettrait un meilleur suivi de ses personnes à risques qui auraient sensiblement le même traitement. Ils auraient l'avantage d'êtres dans l'anonymat de l'étage ou ils effectueraient leur peine. Je pense que ce genre de disposition fera baisser de façon notable la progression du virus en détention et évitera un pandémonium.

Il s'agit de simple mesure de précaution mais l'hégémonie des services médicaux met en périls la propagation du virus. Ils font même de la non-assistance à personne en danger. Ils laissent des personnes gravement contaminées, aller et venir sans avertir le personnel. Il ne faut pas oublier que nous sommes soumis nous aussi au secret professionnel. Le SIDA, s'est aussi un service médical qui ne veut pas communiquer et laisser faire cette épizootie.

COMME JE L'AI DEJA DIT POUR LE COUPABLE COMME POUR L 'INNOCENT, LES SOINS EN PRISON SONT AUSSI PERFORMANT QUE L'HÔPITAL AMERCAIN A PARIS. ARRETONT DE DEMOLLIR LES SOINS EN MILIEU CARCERALE. ARRETONS D AVOIR DE LA COMPASSION POUR DES GENS QUI UNE FOIS LIBERER N'ONT PLUS AUCUNE COMPASSION POUR PERSONNES.

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