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13 août 2014 3 13 /08 /août /2014 14:51

SERVICE DE NUIT EN PRISON

 

          La nuit tout le monde dort. Non !!! Pas en prison, il y a un service de nuit pour veiller et des détenus qui gueulent pour exister.

         Il faut savoir qu’un prisonnier qui a pris 20 ans de geôle reste enfermé 10 ans dans 9 mètres carré. Dans tous les établissements toutes les portes de cellules sont fermées de 19 heures à 7 heures du matin.

         Si un détenu se sent mal ou oppressé, il ne peut pas sortir faire un tour. La porte fermée, une fenêtre avec des gros barreaux quelque fois des grilles qui empêchent de voir l’horizon ou le soleil. S’il est seul, il ne peut pas aller voir un codétenu pour discuter et faire passer ses angoisses. C’est une des raisons qui fait que toutes les prisons de France et de Navarre sont bruyantes. Il y a des discussions gueulées par les fenêtres au travers ces grosses tiges métalliques. Des hurlements pour exister. Des chaises frappées contre les portes en bois recouverte de tôles pour faire comprendre au personnel qu’il se sent mal.

         Le soir le détenu reste  tout SEUL. Alors dans son esprit reviennent, ses crimes, ses accusations ou son innocence. Il ne peut en parler à personne.

         Dans d’autres compartiments, ils peuvent être doublés ou triplés. Puisque privé de relations sexuelles, certains détenus violent leurs codétenus, en pensant qu’ils baisent la pin-up affichée au mur, ils laissent aller leurs bas instincts. Ils se sentent fort, car ils menacent leurs victimes des pires tortures ou de la mort s’ils parlent aux autorités ou à leurs proches. Ils sont malins, car malgré nos chaussures de tennis que nous mettons le soir pour nous déplacer en silence, les bruits de portes nous trahissent et le temps que nous passons devant leur porte et regardons dans l’œilleton, ils arrêtent leurs coupables entreprises tout en tenant en respect leur victime. Nos bruits permettent aussi aux dépressifs de pouvoir s’automutiler à notre passage. J’ai souvent, remarqué au court de  ma carrière que beaucoup de détenus faisaient cela pour que l’on s’occupe d’eux. Si enfin, il sortait de sa cellule, et qu’il il tombait sur un brigadier comme moi, il pouvait discuter, je  m’occupais de lui comme nous, nous occupons de nos enfants,  et après il allait se coucher sans que nous lui chantions de berceuse et en oubliant pourquoi il s’était tailladé. Mais ce que je suis sur, c’était le besoin de sortir un moment de la cellule parler extérioriser ses angoisses.

         Le problème, c’est que le service de nuit, c’est 10 agents, un brigadier qui détient toutes les clefs de l’établissement, et 600 à 700 détenus. Parce que le soir j’enferme toutes les clefs en lieu sur, je suis le seul possesseur de toutes les clefs et à pouvoir faire ouvrir, de la porte d’entrée de la prison à la dernière cellule du fond… Même le directeur ne peut pas rentrer sans mon autorisation, il est obligé de me prévenir avant, car sa famille pourrai être prise en otage et il pourrait venir pour faire libérer un  mis en examen Au gré des nuits s’il y a un arrivant, je vais au greffe pour accueillir le détenu et le conduire dans son quartier. Le soir sur 10 agents  j’en ai cinq à différents postes comme pour les rondes, le mirador et la porte. Je ne dispose plus que de 5 agents pour effectuer les interventions.

         Il y eu des fois ou le rondier me disait qu’un détenu s’était coupé lorsque j’étais aux greffes. Il me fallait un certains temps pour mettre la personne en sureté, fermer le greffe. C’était des temps MORT. Parce que si le détenu s’était coupé plus gravement, cela aurait  était le temps ou il est MORT. D’accord, mais réglementairement.  Il m’est arrivé d’avoir  deux incidents en même  temps la nuit. Vu que je suis le seul à détenir toutes les clefs et que, je n’ai pas le droit de les donner à mes agents, je devais procéder pour intervenir à par ordre de gravité de l’incident. Une seul clef, 5 agents. Nous ne pouvons pas ouvrir deux portes à la fois, c’est nous mettre en danger. Comme la devise des pompiers, nous devons sauver des vies, mais ne pas mettre en  danger la notre. Il est même arrivé en service de nuit qu’un surveillant se suicide au mirador avec l’arme à disposition dans cet endroit stratégique.

         La nuit fait ressortir toutes nos angoisses ou démons, libre ou embastillé, nous somme toujours seul la nuit.

         Alors, messieurs et mesdames lorsque vous passerez la nuit devant une prison ne vous étonnez pas d’entendre des cries ILS VIVENT

DU NEANT SONT SORTIS DES CRIES, ILS VIVENT ET EXISTENT.

 

 

 

 

         

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